
Cupide Cupidon
On célèbre la Saint-Valentin, pour l’amour et l’amitié. Pourquoi une journée particulière? Les autres jours sont occupés à quoi? Ce sont des jours sans hypocrisie. Fête des amoureux bien sûr, pas d’amour sans eux, pas d’amour sans chair. Pourquoi Saint-Valentin? Valentin serait un martyr, torturé et décapité. Curieux symbole de l’amour charnel, physique. Célébration du mercantilisme quétaine, fêter la Saint-Valentin, avec force coeurs, chocolats, soupers arrosés et renouvellements des vœux pour l’éternité jusqu’à demain, revient à encourager les boutiques et le bourrelet. Revenons en arrière et retrouvons plutôt Cupidon, dieu romain de l’amour. Visons plus haut avec un dieu. Grâce à lui, on est sûr qu’il s’agit de l’amour charnel et peu spirituel. La magie de Cupidon consiste à lancer des flèches ensorcelées au hasard, en fait à l’aveuglette puisqu’il est aveugle ou aveuglé seulement. On continue de voir quand on est aveuglé, il peut ainsi contempler l’œuvre de son poison bienveillant. Atteintes, les victimes tombent amoureuses du premier venu. Triste sort en somme, mais les dieux aussi prennent de l’âge, les petits angelots roses et asexués accumulent la poussière dans les archives. Le nouveau Cupidon 2.0 n’est plus aveugle car il n’ a plus besoin de voir, il ne lance que des flèches virtuelles et ses ailes sont desséchées. Devenu d’une efficacité inespérée, il envoie des millions de flèches, plus assassines et insidieuses que jamais. Il s’est lancé une flèche en comptant son argent et en est devenu amoureux. Cupidon devenu cupide lance maintenant des missiles dans le but de détruire l’amour à grande échelle. Mort aux dieux, on dit que l’amour est la plus riche des expériences humaines, que nous en payons le gros prix quand il fuit et qu’il transforme la gratitude en loyauté envers nous-mêmes. Vis, agis et meurs d’amour, n’attends pas qu’il se décompose, ne le mets pas sur pause. Que jamais le fric ne s’y oppose ! N’achète pas l’amour sans retour. Attends celui dont tu ne peux pas même rêver. Pour l’atteindre, on traverse les extrêmes, jusqu’à l’exaltation, les maux du corps et du cœur, et derrière, dans un coin oublié une petite étincelle qui rompt les ténèbres.
– Jacques Gagnon, ing. Président directeur général d’Imagem